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Association des
Amis du Vieil Arles

L’historique de l’association est tiré de la conférence donnée par le président lors de la célébration en 2004 du centenaire de la Société des Amis du Vieil Arles, fondée en 1903 (bulletin double spécial numéros 123 et 124). Il est précédé d’un texte plus général sur l’histoire d’Arles depuis sa fondation jusqu’à la fin du XXe siècle.

Histoire

Le programme d’origine, publié et inscrit dans le bulletin n°1 de 1903 a été repris grosso modo en 1971. Il prévoyait une vaste action autour du patrimoine. 

  • Publication d’un bulletin pour intéresser le public et constituer une histoire locale.
  • Démarches et campagnes pour le classement des monuments non classés (les urgences de 1903 sont : l’Hôtel de ville, le Palais des Podestats, le Grand Prieuré).
  • Démarches et campagnes pour l’achat d’immeubles ou de vestiges intéressants par la ville ou l’État.
  • Démarches et campagnes pour l’exhumation des monuments enfouis (sous l’ancien couvent Saint-Césaire par exemple, ou le cirque romain enfoui sous les alluvions du Rhône).
  • Démarches et campagnes pour le dégagement de monuments (les Thermes, les remparts).
  • Démarches et campagnes pour la restauration de monuments, éviter les effondrements et les dégradations naturelles.
  • Création d’une commission des fouilles, surveillance des chantiers ouverts pour récupérer les objets et les entreposer au Musée lapidaire (ancienne et actuelle chapelle Sainte-Anne).
  • Lutte contre l’abus général de l’affichage, contre l’affichage sauvage sur les monuments.
  • Démarches et campagnes pour la sauvegarde de noms typiques de rues, de quartiers.
  • Publication de guides et catalogues.
  • Démarches et campagnes pour l’embellissement d’Arles et la mise en valeur des sites et monuments afin de concilier modernisme et respect des antiquités.
  • Démarches et campagnes pour faire aboutir l’institution du prix d’Arles à l’instar du prix de Rome (ce qui n’aura jamais eu lieu jusqu'à nos jours).
  • Création d’un musée d’Art chrétien, idée d’Auguste VÉRAN (rassembler tous les objets d’art précieux religieux ), ce qui sera réalisé par Fernand BENOIT en 1937 au musée d’Art chrétien rue Balze au-dessus des cryptoportiques.
  • Excursions et conférences pour intéresser le public.
  • Congrès archéologique stimulant pour les études.
  • Encouragements au syndicat d’initiative, en soutenant moralement ses efforts.
  • Démarches et campagnes pour la restitution à la ville d’Arles des objets usurpés (Vénus d’Arles et torse de l’empereur Auguste).
  • Démarches et campagnes pour sauvegarder les monuments non classés ou les œuvres d’art appartenant à des particuliers.
  • Concours pour les jeunes élèves des écoles.
  • Démarches pour obtenir de vrais gardiens pour nos monuments... (Cela a mis du temps pour se mettre en place !)
  • Mesures contre le vandalisme, condamnations à titre d’exemple (ceci n’a jamais été relaté !).
  • Élargissement du programme de la Société aux mœurs et coutumes d’Arles.

 

Dès 1903, une action est menée pour la conservation et le classement d’une pierre milliaire entre Le Paradou et Maussane.

À partir de 1905, LACAZE-DUTHIERS donne pendant l’hiver deux conférences par mois sur les monuments d’Arles.

Les restes d’une porte antique sont retrouvés sur l’emplacement de l’ancienne abbaye de Saint-Césaire ; l’architecte Auguste VÉRAN a jugé qu’il fallait la transporter et la réédifier dans l’enceinte du Théâtre antique.

 

Les fouilles du vicomte DE LUPPÉ à Trinquetaille (gare de Camargue) ont donné pour résultat beaucoup de restes de poteries dont les plus intéressantes ont été reproduites dans le bulletin des Amis du Vieil Arles.

La Société échange avec d’autres Sociétés ses études sur le patrimoine, en 1903 en particulier, avec l’Union des Sociétés pour la défense du patrimoine et des sites de France. La Société adhère dès 1905 à la Société d’études provençales, elle échange son bulletin avec celui des Amis du Vieux Chinon.

De plus, plusieurs membres des Amis du Vieil Arles furent nommés au Comité départemental de protection des sites et monuments pittoresques en 1905.

 

En 1908, la Société des Amis du Vieil Arles voit enfin en place la statue d’Auguste restaurée à ses frais et devenir une pièce maîtresse du Musée lapidaire. Elle fait exhumer dans le même temps une stèle funéraire avec une inscription. Celle-ci sera aussi conservée au Musée lapidaire.

La même année, le président de la Société s’est occupé de pouvoir faire abattre et fouiller le mur de soutènement du boulevard Vauban (rempart du XIIe siècle construit avec des pierres antiques provenant en particulier du Théâtre antique et d’autres monuments antiques).

L’agrandissement du jardin public, les fouilles à Arles qui eurent lieu dans le même temps, mirent à jour les restes d’un arc admirable, des fragments de la meta du cirque, des bas-reliefs, des chapiteaux, etc. Les dépenses engagées furent assumées par les pouvoirs publics et par la Société archéologique des fouilles françaises.

Toujours en 1908, une stèle funéraire fut retrouvée dans les remparts de la rue Porte de Laure à côté du boulevard Vauban. La vigilance de la SDAVA a permis de la sauver des maltraitances et des convoitises des collectionneurs. Elle fut conservée au Musée lapidaire.

En avril 1909, le deuxième congrès des Sociétés savantes de Provence est organisé à Arles au moment du cinquantenaire de “Mireio” et de l’érection de la statue de Frédéric Mistral à laquelle la SDAVA a participé financièrement. Le recueil du congrès sera d’ailleurs imprimé.

La même année, les travaux de déménagement du monument antique enfoui dans la cour du Museon Arlaten, ont été repris et continués. Il consiste en un hémicycle orné d’un portique central et adossé à un bâtiment rectangulaire. On a aussi retrouvé de riches fragments de sculptures antiques et plusieurs inscriptions intéressantes ! Elles furent d’ailleurs traduites et expliquées dans le bulletin.

La SDAVA informe sur l’état des fouilles du cirque faites en 1909-10.

En 1911, comparaison et découverte de la différence entre la Vénus conservée à Arles qui n’est qu’un moulage et l’authentique conservée au Louvre. Le moulage conservé à Arles est en fait plus fidèle que la statue originale puisqu’il a été fait sur place avant la restauration de la statue effectuée par Girardon pour le bon goût de Louis XIV.

En 1912, la SDAVA ne sort qu’un bulletin unique. Une grosse étude est diffusée dans ce bulletin et ceux de 1913 sur la ville d’Arles durant la Révolution française.

En 1912, mise sur pied du Syndicat d’initiative dont les deux premiers présidents furent le Dr URPAR puis Auguste LIEUTAUD, tous deux membres actifs des AVA.

 

Ce tableau idyllique et positif eut cependant quelques ratés. En particulier, à cause de problèmes de personnes et des prises de position sans équivoque, rigides et même politiques qui mirent de l’ambiance au sein du conseil d’administration au début de sa fondation. Citons trois affaires caractéristiques et commençons par ... la deuxième !

En juin 1904, un article de l’abbé CHAILLAN à propos du Grand Prieuré fait dire à ce dernier que “la ville a agi par le pic d’un vandale et qu’en installant des accessoires dans le Grand Prieuré, ce n’est pas ce qu’elle a fait de mieux ! ”. Colère du maire Honoré NICOLAS qui, après enquête, démissionne sans détour de la présidence d’honneur des AVA, certain qu’un des membres du comité de rédaction des AVA a déformé sciemment l’article incriminé sans en avertir l’auteur, c’est à dire l’abbé CHAILLAN.

Comme Auguste VÉRAN répond à Honoré NICOLAS qu’il ne peut se rendre maître du comité de rédaction (Honoré Dauphin en est le directeur chargé des convocations et de la publication des articles), la décision du maire est sans appel. La colère du maire est d’autant plus grande qu’il a eu connaissance que le secrétaire du comité de rédaction a souligné au crayon rouge et publié certains passages d’un rapport municipal sur les Arènes et la tour de la Cavalerie, ce qui n’a pas plu en haut lieu !

 

Car, première affaire, le 1er avril 1904, LACAZE-DUTHIERS donne sa démission à VÉRAN, avec rédaction manuscrite d’une note péjorative envers le principe de fonctionnement de ce comité de rédaction. Je cite la lettre originale où il est dit : “ certains motifs, à mon grand regret, m’obligent à me priver de l’honneur et du plaisir de continuer à collaborer avec vous, du moins dans le comité de rédaction du Vieil Arles... ces raisons sont de telle nature qu’elles ne me permettent plus de rester dans ce comité sans inconvénient pour ma propre dignité ; j’ai soif de paix et pour avoir cette paix, je veux la laisser aux autres ! Croyez que c’est pour moi un véritable chagrin de me séparer d’un président tel que vous, et veuillez etc.”.

Auguste VÉRAN laissa sa place peu de temps après (fin 1904) à Auguste LIEUTAUD aux motifs de ses charges de travail dans le cadre des Monuments historiques, mais certainement après avoir réglé le problème épineux en cette même fin d’année 1904, posé par le comité de rédaction.

Ce comité de rédaction était en effet dirigé par un secrétaire brillant, mais entier et emporté envers ses collègues et surtout envers la municipalité anticléricale de Honoré NICOLAS, qui était en position défensive. Honoré DAUPHIN (il faut le nommer) parti ou expulsé (cela n’est pas précisé), LACAZE-DUTHIERS revient au conseil d’administration et Auguste VÉRAN continuera à faire bénéficier les AVA de ses recherches et de ses travaux de responsable des Monuments historiques dans le bulletin jusqu’en 1912. De même, le maire d’Arles Honoré NICOLAS se montra bien mieux disposé envers les AVA !

 

Une troisième affaire anecdotique, certainement découlant des deux autres, est racontée pour mieux fixer le caractère brut de décoffrage (!) du personnage.

Il nous montre Honoré DAUPHIN toujours fervent défenseur et intégriste des AVA, qui présente en 1906 au congrès des Sociétés savantes de Provence tenu à Marseille, un rapport sur un vieux plan de la ville d’Arles datant de 1747 (plan remarquable qu’a redessiné et reproduit pour les AVA, le jeune ARNAL sous la direction de Patrick PETRINI et que nous avons toujours en vente au siège).

Honoré DAUPHIN en page titre et en dédicace, se présente comme “ promoteur et fondateur de la SDAVA” et dans l’opuscule qu’il dédie au Colonel DIDIER, d’une illustre famille d’Arles, membre des AVA depuis 1904, on peut lire les quelques lignes qui suivent :

“ Au colonel DIDIER, respectueux hommage d’un BON ARLÉSIEN, écœuré jusqu’au vomissement par l’ignoble attitude de la Société dite des AMIS (!) du Vieil Arles... et animé toujours d’un esprit de revanche rouge et sanguinaire contre les TRAITRES à la PETITE PATRIE ”. Daté de novembre 1907 et signé.

On ajoutera pour compléter le caractère de notre prédécesseur l’épisode où Fernand BENOIT, conservateur des musées, le trouva face à lui, un fusil à la main, lorsqu’il s’agit de fouiller les cryptoportiques dont la cave d’Honoré DAUPHIN faisait partie !

En 1909, le congrès des Sociétés savantes, comme dit plus haut, se tient à Arles ; Honoré DAUPHIN n’y est pas inscrit, mais c’est malgré tout le grand triomphe de notre Société car les membres du conseil d’administration président les journées et les communications !

 

Pour en revenir au bulletin des Amis du Vieil Arles dès 1903, le ton est quelquefois polémique, contradictoire et même véhément, en particulier à propos des Allées couvertes de Fontvieille.

Le Dr MARIGNAN (membre fondateur du Museon Arlaten) et M. BOUCHINOT ne se ménagent pas à leur propos. Si cela prête à sourire aujourd’hui, on imagine malgré tout la passion de l’époque à travers ces lignes !

Ce sont des exemples, mais cependant le résultat est là avec une grande liberté d’intervention, l’appui et l’aide de tous les responsables des monuments qui aboutissent à des actions positives archéologiques sur le terrain et à des articles de qualité reconnus, le plus souvent inédits et de mises à jour qui en font encore aujourd’hui un document de référence pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire d’Arles ! Le maire d’Arles depuis 1908, Jean GRANAUD, épaule fortement notre Société qui, dit-il, réalise un bon programme.

 

La Grande Guerre arrive. Frédéric MISTRAL nous quitte. Les AVA entrent là dans une période de demi-sommeil dont ils ne ressortiront vraiment qu’en 1971.